Le Blog d’Eric

Saison 2025-26, « Tout commença si bien pour s’arrêter brutalement »

De beaux calibres déjà noirs sortaient de terre au 10 novembre 2025. Et puis rapidement, on s’apercevait qu’il n’y avait pas le même nombre de truffes que l’année passée, pour ensuite, alors que la lune était nouvelle, avoir lors de la sortie une baisse de 50 % environ.

Du jamais vu de cette façon. On connait les printemps secs, les printemps froids et humides et leur corrélation avec la production.

Je vais tenter une explication ou de sérieuses pistes pour cette année si particulière.


Il y a plusieurs volées de naissances par an, certainement une par mois ou à des fréquences séquencées, stress-humidité-chaleur. On le sait, celles d’août apparaissent en janvier et nous emmènent loin à mars si elles ont été correctes. Si septembre en a fait, elles arrivent en avril… Que faut-il pour des naissances ? 8-10 jours d’une humidité relative, doublées de chaleur, avec des sols qui se réchauffent et qui sont à priori supérieurs à 16 degrés. Un sol sec au printemps et c’est l’échec total et cuisant, des arrosages trop rapprochés en mai-juin avec de faibles chaleurs et c’est l’échec. Une profondeur de travail trop grande avec des sols qui se réchauffent mal et le début de saison est faible.

Pour ceux qui doutent des nombreuses volées de naissances, j’en veux pour preuve une autre truffe qui est celle d’été tuber aestivum et qui nait, aussi a la faveur des bonnes conditions. Et pour les anciens qui ont connus les années 2000 et précédentes, on voyait clairement dans les volumes produits les canifages des truffes, les changements de naissance, de structure, de forme…ce qui se voit moins maintenant avec les baisses conséquentes de production année après année.

Comme pour toutes cultures, des arbres irrigués ont des racines plus en surface que des arbres non irrigués. Fait vérifié et indiscutable. Pour les critiqueurs, les noyers qui tombent au moindre coup de vent ne tombaient pas du temps de nos grands-parents. Ils n’irriguaient pas.

Autre fait indiscutable, il fait plus frais à 15 cm sous terre en été qu’à 5 cm.

Au mois de juin de cette année, un phénomène stressant s’est produit. Après quelques pluies en début de mois, une chaleur à 40 s’est installée, avec même parfois de très fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit. Cela a affecté la vigne avec de l’oïdium et ses nombreux traitements, l’ail, les noyers. Ces derniers, irrigués ou pas d’ailleurs, ont quasiment tous fait de petites noix. Ces dernières étaient dures déjà à fin juin, contre un 15 juillet habituellement plutôt. Elles sont donc petites.

Mais si on regarde tout cela dans le détail, on s’aperçoit que les arbres qui débourrent plus tôt ont eu une meilleure taille de noix, irrigués ou pas d’ailleurs. La génétique est donc importante.

Et nous dans tout cela, les mycéliums et les naissances, très liés à la bonne santé de l’arbre, à sa sève racinaire, à ce moment crucial, ont avorté sans aucun doute. Les arbres sous stress, dont on ignore (n’étant pas dendrologues ou physiologistes des arbres, nous ne pouvons qu’observer, mais c’est ainsi que se sont construites nos humanités) la réaction, ont eu un stress. Certains ont même déjà changé la couleur de leurs feuilles. Et c’est maintenant, dans nos productions, que nous en observons les conséquences.
Les premières naissances se sont faites, elles ont bien mûri. Mais le gros de la troupe de juin est absent. Tous espèrent un retour pour mi-janvier… la nature humaine est une nature faite d’espérance et de croyance, malheureusement souvent trop éloignée et dans le déni de la réalité.

Nous faudra-t-il enfin obtenir des pépiniéristes qu’ils sélectionnent des arbres dédiés à chaque vallée productrice qui ont leurs caractéristiques propres, qu’ils choisissent enfin ceux qui débourrent aussi le plus tôt ou alors le plus tardivement pour les avoir en fin de saison… nous faudra-t-il arroser les frondaisons lors de ces tempêtes de chaleurs climatiques ? Ce sont des pistes de travail et de réflexion. Travailler les sols plus profondément est une piste, mais qui ne peut se faire qu’au départ des plantations pour se maintenir et qu’il ne faut surtout pas faire sur des truffières en production sous peine de tout détruire. Donc être profond sera un handicap dans le cas de sols qui ressuient mal et un handicap lors de printemps frais… ce sera l’échec des productions.

Tout cela pour écrire aussi qu’il ne faut, surtout pas, changer quoi que ce soit dans nos façons culturales de produire ou d’essayer de produire des truffes. Ce phénomène était complexe à prévoir et seulement quelques chanceux et plus observateurs s’en sortent. Passez de Bonnes Fêtes de fin d’année.